La vie sur notre île
Ce document a été préparé en décembre 2002 pour mieux faire connaître notre île à nos correspondants de Sallanches en Haute Savoie. Cest pourquoi vous y trouverez nos prénoms.
Où sommes-nous ?
Notre île est située dans le Nord Finistère en face de
Roscoff. Elle est à seulement deux kilomètres du continent. La vedette met quinze
minutes pour faire la traversée. Lîle a un peu la forme dun croissant. La
plupart des habitations se trouvent à Pors Kernok, cest là que se trouve le bourg.
Elles font pratiquement toutes face à Roscoff, cest-à-dire quelles sont
orientées au sud. Il ny a pratiquement pas de nom de rue sur lîle. Les gens
habitent dans des « lieux-dits » qui sont pour la plupart des noms bretons
comme Pors Kernok qui veut dire « Port de la roche cornue » ou Pors Mellok qui
veut dire « Port plus grand »
Que font nos parents ?
Il y a 600 habitants sur lîle. Il y a beaucoup de
champs. On y cultive des carottes, des pommes de terre, du fenouil, des choux-fleurs, du
persil, du céleri, des artichauts, des tomates
Cest pourquoi il y a beaucoup
dagriculteurs. Ils se servent du goémon (des algues) comme dun engrais pour
leurs terres.
Il y aussi beaucoup de pêcheurs sur une dizaine de bateaux. Ce sont des
petits bateaux qui partent pêcher pour la journée sauf le bateau des oncles
dOrlane, le Tarz An Deiz, (son père y travaille aussi) qui part pour huit jours.
Les pères de Léa, dAgathe et de Sylvain sont aussi marins-pêcheurs. Leurs bateaux
sappellent : Le Grand Bleu, le Credo du Marin et le Liou An Amzer (cest
du breton et cela veut dire « Les couleurs du temps »).
Les parents de Manon et dÉmilie sont agriculteurs. Le père de
Manon est aussi goémonier. Cest-à-dire quil pêche le goémon avec son
bateau durant lété.
Il y a très peu dentreprises sur lîle : seulement
deux entreprises de maçonnerie-couverture, lentreprise Le Lez (le père de Jérôme
y est maçon) et lentreprise Aballea. Il y a aussi un menuisier-charpentier,
cest Laurent Valérien, le père de Clément et un électricien-plombier :
cest Laurent Le Duff, loncle de Marie-Gabrielle. Il y a également une
coiffeuse qui vient coiffer les gens chez eux : cest Christelle, la mère
dAgathe. La mère de Dina travaille à lécole. Elle est ATSEM dans la classe
maternelle. La mère de Noéline est, elle, cuisinière au Centre de voile et le père
dElise y travaille aussi. Comme ce centre est fermé durant lhiver, ils
nont du travail que de mars à novembre.
Et nous ?
Nous nous connaissons depuis que nous sommes tout petits. Nous
avons toujours été en classe ensemble et nous sommes presque tous cousins. Il ny a
quun enfant dans la classe qui na pas ses parents îliens.
Après le CM2, nous irons au collège de lîle. Il y a en effet
une antenne du Collège des îles du Ponant (le Collège des Iles du Ponant existe aussi
sur lîle dOuessant, lîle de Molène, lîle de Sein, lîle
de Groix et lîle de Houat). Ici, il y a 21 élèves : 4 en sixième, 4 en
cinquième, 6 en quatrième et 7 en troisième. Six professeurs y enseignent. Ils ont de
petits effectifs mais doivent enseigner deux matières (par exemple : anglais et
espagnol). Après la troisième, nous devons obligatoirement aller en internat dans un
lycée sur le continent, à Morlaix, à Saint-Pol de Léon ou à Brest mais nos parents
devaient aller en internat à partir de la sixième. Nous avons donc de la chance.
Que faisons-nous quand il ny a pas classe ?
Il ny a pas beaucoup dactivités sur lîle.
Il ny a aucun club sportif (ni foot, ni judo, ni ping-pong
), il ny a pas
non plus la possibilité de faire de la musique, du dessin ou de la danse. Si on veut
pratiquer ces activités, il faut aller à Roscoff ou à Saint-Pol de Léon. Mais ce
nest pas très pratique car il faut toujours penser à lhoraire de bateau
surtout en hiver. Il ny a pas non plus de cinéma ni de salle de spectacle. Il y a
simplement la salle Ker Anna qui sert de salle polyvalente. On y trouve aussi une
bibliothèque, tenue par des bénévoles, qui est ouverte deux fois par semaine. Il
ny a pas de gymnase. Il y a simplement un terrain de foot à louest de
lîle. Les collégiens vont y faire du sport.
Ce que nous pouvons faire toute lannée, cest du cheval à
la ferme équestre aux « Écuries de Batz » et de la voile lété au
« Jardin Colonial ».
Comment nous déplaçons-nous ?
Sur lîle, il y très peu de voitures ; pas plus
dune dizaine en tout. Ce sont seulement les gens qui en ont besoin pour leur
travail, comme le maire ou le médecin qui en utilisent. Les autres se déplacent à pied,
en vélo, en cyclomoteur ou en tracteur. Le tracteur est le moyen de locomotion le plus
utilisé sur lîle. Il y en a plus de trois cents.
Et quand on est malade ?
Il ny a quun médecin sur lîle. Il est aussi
le médecin des pompiers. Il y a deux infirmières mais lune des deux est malade en
ce moment ; mais elle vient dêtre remplacée. Il ny a pas de pharmacie.
Cest la femme du médecin qui vend les médicaments. Le médecin a beaucoup de
difficultés à se faire remplacer quand il veut partir en vacances car peu de médecins
sont tentés pour venir sinstaller ici.
Au secours !!!
Il y a une caserne de pompiers avec quatre véhicules :
deux ambulances, une jeep et un camion. Les pères de Dina, Sylvain, Orlane sont pompiers.
Le père de Marie-Gabrielle aussi. Il est le caporal.
Il y a aussi un canot de sauvetage qui intervient en mer quand un bateau est en difficulté. Cest le canot de la S.N.S.M. (Société Nationale du Sauvetage en Mer). Le père dOrlane, celui de Dina et le grand-père de Pierre-Antoine et de Clément en font partie.
Qui vit ici ?
Six cents habitants résident sur lîle toute
lannée mais il y a à peu près autant de résidences secondaires. Les gens
viennent pendant les vacances. Il y a aussi beaucoup de retraités. De plus en plus de
gens viennent aussi en vacances. Ils louent des « gîtes ». Beaucoup
dîliens ont aménagé une ou plusieurs maisons quils noccupent pas et
les louent aux touristes. Cest ce quon appelle des « gîtes ».
Mais il y a aussi un « village vacances » et deux hôtels. Pendant
lété, les gens peuvent aussi planter leur tente sur le terrain de camping. Ce
terrain nest pas clos et les gens peuvent sinstaller où ils veulent, face à
la mer. Ils paient simplement une redevance pour la nuit. Certains jours dété la
population peut atteindre 3 000 habitants. Mais il ny a toujours quun
seul médecin.
Et les magasins ?
Il ne faut pas venir sur lîle pour
« magasiner » car, ici, il ny a pas de magasins. Il y a simplement deux
petits supermarchés qui sont ouverts toute lannée : « Chez
Thérèse » et « 8 à huit ». Il y a aussi une boulangerie-pâtisserie
mais pas de boucherie. Il y a deux cafés-restaurants : Le « Kastell
Gwen » (le château blanc en français) qui est tenu par la mère de Pauline et son
grand-père ; il fait aussi Tabac-Journaux et vente de gaz, et le « Gwir
Zikour » (le Bon Secours en français). Il y a aussi un petit magasin de souvenirs.
Jusque lan dernier, il y avait une droguerie qui vendait un peu de tout : de la
peinture, du matériel de pêche, de la vaisselle
Cétait la grand-mère de
Maureen qui tenait ce magasin. Mais quand son grand-père, qui était peintre, a pris sa
retraite, le magasin a fermé. Et personne ne la repris. Il ny a pas non plus
de poissonnerie. Quand un pêcheur veut vendre du poisson, des araignées de mer ou du
homard, il met un écriteau sur sa porte en indiquant ce quil a à vendre et les
acheteurs viennent sonner chez lui ou lui téléphonent.
Et la religion ?
Il y a une église catholique qui sappelle
Notre-Dame-de-Bon-Secours. Elle a été construite en 1874 sur lemplacement où
sélevait alors une petite chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Bon-Secours construite
vers 1650. Il y a aussi une chapelle : Notre-Dame-de-la-Pitié. Il y a encore les
ruines de la chapelle Sainte-Anne qui sont tout ce qui reste de léglise Saint-Paul
édifiée sur les décombres du monastère Saint-Paul établi vers 530 par le moine
gallois Paul Aurélien et détruit par les vikings. En 1185, cette église romane de
Saint-Paul dépend de labbaye Saint-Mélaine de Rennes. Mais, en 1610, alors que le
village est envahi par les sables, la plus grande partie des habitants se regroupent à
Porz an Eog (près de Pors Kernok) et léglise Saint-Paul est peu à peu
abandonnée.
La plupart des enfants de la classe vont à la messe le dimanche et pratiquent la catéchèse. Il y a quelques personnes qui sont protestantes mais elles nont pas de lieu de culte sur lîle.
Comment vient-on ici ?
Pour venir sur lîle, il faut prendre la vedette à
Roscoff. La vedette, cest un bateau qui peut accueillir jusquà cent personnes
voire plus.
Ici, en Manche, la mer se retire beaucoup à marée
basse. Alors, il faut prendre lestacade pour rejoindre le bateau. Cest un long
pont étroit de 800 mètres sur la mer. Là, le vent souffle encore plus fort
quailleurs.
Il y a trois compagnies de navigation qui disposent de sept
vedettes : LAdhara (conduite par le père de Maxime), la Fée des Légendes
(conduite par le grand-père de Clément), la Thalassa (conduite par loncle de
Clément), la Fleur de Batz (dont le matelot est le père de Maureen et conduite par un
des oncles de Maxime), lEnez Vaz (île de Batz en breton, conduite par loncle
de Sylvain), la Reine du Léon conduite par un autre oncle de Sylvain) et lÎlienne
(conduite par un cousin de Maxime).
En été, elles travaillent tous les jours de 8 heures du matin à 8
heures du soir, même le dimanche et les jours fériés.
En hiver, elles travaillent chacune leur tour une semaine sur sept, du
mardi au lundi. Cest pourquoi les « gens des vedettes » ont plusieurs
métiers. Ils sont aussi souvent pêcheurs et agriculteurs.
Et les animaux ?
Sur lîle, il y a beaucoup de lapins sauvages. On ne sait
pas comment ils sont venus et cela pose dailleurs des problèmes car il y a peu de
chasseurs et ces lapins raffolent des choux, des salades, des carottes
qui poussent
ici. Sinon il y a peu danimaux domestiques : quelques vaches et quelques
moutons, des poules et des lapins. Il y a aussi une trentaine de chevaux qui sont souvent
laissés à lextérieur, en bord de mer, attachés par une corde à un pieu.
Quelques-uns dentre eux sont encore utilisés pour travailler la terre, car parfois
les parcelles de terrain sont très petites et les tracteurs ne pourraient pas
manuvrer. Cela fait aussi du bien aux chevaux de travailler. Cela entretient leur
forme physique. Mais il ny a pas que des chevaux de trait. Il y a aussi ceux qui
sont utilisés à la Ferme Équestre pour la promenade et les leçons déquitation.
Et la flore ?
Il y a très peu darbres sur lîle. Quelques
conifères dans une pinède et des arbres exotiques dans le Jardin Georges Delaselle. Il y
a peu de feuillus dont cinq dans la cour de lécole qui ont été plantés en 1943.
Sinon, au printemps et en été lîle est très belle et très fleurie. Il y a
beaucoup dagapanthes. Cest une très belle fleur violette qui nous vient
dAfrique du Sud.
Comment fait-on pour transporter les choses et les gens ?
Il y a deux taxis. Cest TaxYvon. Cest un
oncle de Maureen. Il a deux camionnettes et une remorque car, souvent, les gens qui
viennent passer leurs vacances sur lîle ont beaucoup de bagages. Il a beaucoup de
travail pendant lété. Il y a peu de routes et lîle ne mesure que 3,5 km de
long pour 1,5 km de large. La distance goudronnée la plus longue, du débarcadère
jusquau camping, ne fait que 2,1 km et pourtant, lan dernier, Yvon a fait
23 500 km avec son véhicule. Les îliens prennent peu le taxi. Ils ont presque tous
leur tracteur qui leur sert pour transporter leurs bagages, leurs courses mais aussi les
gens. On voit souvent une personne ou deux, debout sur un petit plateau à larrière
du tracteur. Il nest pas rare non plus de voir passer un tracteur doù
dépasse une canne à pêche. Son propriétaire va simplement pêcher et il se sert de son
tracteur comme dautres se servent de leur vélo.
Certains utilisent aussi une carriole (à deux roues) quils
poussent, tirent ou attachent à leur vélomoteur.
Mais qui répare tout ça ?
Il y a un garage. Cest le père de Nicolas qui est le
mécanicien de lîle. Il répare tout, du vélo au tracteur. Il ny a pas de
pompe à essence. On ne peut acheter que du gas-oil (pour les tracteurs) et du fuel pour
le chauffage. Si on veut de lessence, il faut aller avec des bidons lacheter
sur le continent. Certains fabriquent eux-même leur essence pour moteur deux temps (les
cyclomoteurs).
Comment les marchandises arrivent et partent de
lîle ?
Elles sont transportées par une « barge ».
Cest un peu comme une péniche car elle est plate. Elle transporte tout, du camion
de déménagement au cageot de choux-fleur. Mais elle doit tenir compte de la marée car
elle ne peut se déplacer que quand la mer est haute ou presque haute. Cest elle
aussi qui transporte les marchandises que vendent les magasins ou les matériaux
nécessaires aux constructions ou ce que nous mangeons à lécole. Elle est donc
essentielle dans la vie de lîle. Elle sappelle la barge
« François-André » et est propulsée par deux moteurs de 300 chevaux chacun.
Cest le père de Marie-Gabrielle qui pilote la barge.
Toutes les îles ont un phare.
Celui de Batz a été construit sur le point le plus élevé de
la pointe ouest entre 1836 et 1852. Sa lanterne brille à 67 mètres au-dessus du niveau
de la mer. Le phare lui-même est haut de 44 mètres. Il a été construit presque
entièrement en granit de lîle. Au Roch (au nord-ouest de lîle) on
voit encore des traces du dynamitage dans les gros rochers qui ont permis de tailler les
pierres dans le roc.
Ses éclats portent à 26 milles marins (soit jusquà 48,152
kilomètres). Depuis 1947, il fonctionne à lélectricité et est automatisé. Il
ny a plus de gardien. Pour atteindre son sommet, il faut monter 210 marches.
Il y aussi un sémaphore, qui, comme tous les sémaphores, sert à
communiquer avec les bateaux qui passent près ou au large de lîle. Il se trouve
aussi sur une hauteur, dans le bourg, près du supermarché « 8 à huit ».
Pour en savoir plus...
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